Rétrospective Carlo Lizzani !
Rétrospective Carlo Lizzani en 3 films du 24 mai au 29 mai !
Né en 1922 à Rome, Carlo Lizzani travaille avec Roberto Rossellini et Giuseppe de Santis avant de se lancer lui-même dans la réalisation. Résistant communiste, il fera de la seconde guerre mondiale et de l’antifascisme des thèmes récurrents de sa longue carrière (ACHTUNG, BANDITI ! – LE PROCÈS DE VÉRONE etc). Producteur, acteur et critique (il a notamment écrit Le cinéma italien), il fut également directeur de la Mostra de Venise de 1979 à 1982. En 2013, Carlo Lizzani se suicide à l’âge de 91 ans.
Cinéaste italien mal identifié et peu pratiqué par la cinéphilie française, Carlo Lizzani fait l’objet d’une mini-rétrospective en trois films, formule idéale pour faire ses premiers pas dans une œuvre méconnue. Celle de Lizzani, né à Rome en 1922, mort en 2013 en se défenestrant, a pourtant traversé toute la seconde moitié du XXe siècle, y compris la période faste du cinéma italien, représentant au bas mot une cinquantaine de titres, courts et longs-métrages, fictions et documentaires confondus.
Deux adhésions permettent de mieux situer le personnage : la première au Parti communiste italien, rejoint en même temps que la résistance romaine en 1943, la seconde au néoréalisme, mouvement au sein duquel il débutera, par la suite, en signant des scénarios pour Roberto Rossellini (Allemagne année zéro, 1948) ou pour Giuseppe De Santis (Riz amer, 1949), avant de passer derrière la caméra. Outre ces deux engagements, Lizzani fut aussi actif sur le front théorique, en pratiquant la critique de cinéma. Détail tout sauf anodin, qui éclaire peut-être l’un des aspects les plus saillants de son œuvre : une forme d’âpreté caractérisée, une propension aux sujets inconfortables, une façon de ne pas se rendre sympathique.
La Chronique des pauvres amants
avec Anna-Maria Ferrero, Cosetta Greco et Antonella Lualdi
Italie - 1954 - 1H48 - VOSTF - version restaurée
Florence, 1925. Dans une petite rue, Via Del Corno, la vie quotidienne et les amours d’une communauté d’ouvriers et d’artisans se trouvent bouleversés par la montée du fascisme et les actions violentes perpétrées par les Chemises noires.
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C’est Luchino Visconti qui devait porter à l’écran le roman éponyme de Vasco Pratolini, publié en 1947. Visconti souhaitait mettre en chantier un film très coûteux, d’une durée de trois heures. Dans l’incapacité de trouver les financements, il décide d’abandonner le projet et d’en céder gratuitement le scénario qu’il avait écrit avec Sergio Amidei à la Coopérative de spectateurs et de producteurs de Gènes créée par Carlo Lizzani pour produire des films engagés. La Chronique des pauvres amants revient ainsi sur les premières luttes antifascistes, après la marche sur Rome en 1922 et avant l’accession au pouvoir dictatorial par Mussolini en 1925. Par son ampleur et le soin apporté à la reconstitution historique, le film marque une étape importante dans la carrière de Lizzani. Le cinéaste s’affranchit partiellement de l’enseignement néoréaliste de ses maîtres Rossellini et De Santis et opte pour une approche ouvertement romanesque et psychologique.
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Storie di vita e malavita
Italie - 1975 - 1H57 - VOSTF - Interdit aux - de 12 ans - version restaurée
Des bidonvilles de la périphérie de Milan jusqu’aux beaux quartiers de la ville, six destins de jeunes adolescentes tombées dans l’enfer de la prostitution.
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Storie di vita et malavita adopte la forme du film-enquête et s’attaque à un autre phénomène des grandes métropoles occidentales, et de Milan en particulier : la prostitution. Le film s’inspire d’une série d’articles de la journaliste Marisa Rusconi parue dans le magazine L’Espresso, consacrée au racket de la prostitution des mineures. Plutôt que de proposer une trame linéaire, Lizzani et son scénariste Mino Giarda (également assistant-réalisateur) optent pour une structure fragmentaire très élaborée, dans laquelle s’entrecroisent six histoires. Ce film permet de vérifier que le néoréalisme, bien après sa disparition, a continué à irriguer une immense partie du cinéma italien. Pour Carlo Lizzani, celui-ci représente une révolution du langage cinématographique, qui dépasse le simple projet de rendre compte de la réalité. Storie di vita e malavita est une œuvre courageuse qui ose traiter frontalement un sujet scabreux et choquant. Lizzani filme un Milan brumeux et lugubre et signe une oeuvre à l’esthétique crue, sans concession. La forme circulaire de Storie di vita e malavita débouche sur un sentiment de désespoir et exprime un cauchemar sans fin, un drame sociétal sans solution.
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San Babila : un crime inutile
Italie - 1976 - 1H41 - VOSTF - version restaurée - Int aux - de 12 ans + avertissement
A Milan, la place San Babila est devenue le territoire de jeunes néofascistes qui tuent leur ennui et leur dégoût de la société en se livrant à de nombreux méfaits. Le film détaille l’emploi du temps d’un petit groupe de voyous désœuvrés dont la journée va s’achever sur l’odieuse agression d’un couple d’étudiants.
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Soucieux de maintenir la pertinence de son regard sur les mutations de la société italienne, Carlo Lizzani change son fusil d’épaule au milieu des années 70. Après avoir réalisé plusieurs productions commerciales pour Dino De Laurentiis, sans renoncer à une approche politique de ses sujets, il signe coup sur coup Storie di vita e malavita et San Babila : un crime inutile, deux films à l’économie modeste, qu’on peut ranger dans la catégorie des « instant-movies . Ce terme anglo-saxon concerne la plupart du temps un cinéma d’exploitation avide de profiter de modes ou de sujets racoleurs. L’ambition de Lizzani est plus haute : il ne fait aucun doute que son projet vise à analyser et dénoncer des sujets brûlants avec sérieux et honnêteté. Malgré son attachement au mouvement néo-réaliste, Lizzani ne renonce pas totalement au cinéma-spectacle, et emprunte certaines figures de style au mélodrame (Storie di vita e malavita) ou au thriller (San Babila : un crime inutile).
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