Fermer les yeux

de Victor Eríce

avec Manolo Solo, José Coronado, Ana Torrent

Espagne - 2023 - 2H49 - VOSTF

Julio Arenas, un acteur célèbre, disparaît pendant le tournage d'un film. Son corps n’est jamais retrouvé, et la police conclut à un accident. Vingt-deux ans plus tard, une émission de télévision consacre une soirée à cette affaire mystérieuse, et sollicite le témoignage du meilleur ami de Julio et réalisateur du film, Miguel Garay. En se rendant à Madrid, Miguel va replonger dans son passé… Victor Erice : « Quel est le film que je veux faire et pourquoi ? Essayant d‘être bref et précis, je réponds : celui qui se dégage du scénario que j’ai écrit ; et aussi celui que j’ai besoin de faire. Mais comme je crains que cela ne suffira pas, je vais essayer d’évoquer quelque peu de ce que Fermer Les Yeux peut contenir. Bien entendu, cela revient à entrer dans le terrain du conceptuel, de la déclaration d’intentions – dans ce cas, inévitablement bonnes – dont, comme il est bien connu, l’enfer est pavé. Mon impression est que, au-delà des détails de son argument, la fiction que le film va proposer au spectateur tourne autour de deux sujets intimement liés : l’identité et la mémoire. Mémoire de deux amis, qui un jour déjà lointain furent un acteur et un réalisateur. Au fil du temps, l’un d’eux l’a tout à fait perdue, au point qu’il ne sait plus ni qui il est, ni qui il a été ; l’autre, cherchant à oublier, et malgré avoir trouvé refuge dans un petit coin perdu, constate à nouveau qu’il la porte encore en lui avec son fardeau de douleur. Mémoire contenue aussi dans les dépôts de la télévision, un média qui représente comme aucun autre la pulsion contemporaine de transformer l’expérience humaine en archives. Mémoire enfin du Cinématographe : des copies gardées dans leurs cercueils de laiton, loin des salles qui l’ont vu naître, fantômes d’une histoire unique usurpée par l’Audiovisuel. Mémoire déjà longue, comme celle de celui qui écrit ces quelques lignes. »