Feu Follet

de João Pedro Rodrigues

avec Mauro Costa, André Cabra et Margarida Vila-Nova

Portugal - 2022 - 1H07 - VOSTF - avertissement - 12 ans

  • Quinzaine

Alfredo, un roi sans couronne sur son lit de mort, est ramené à de lointains souvenirs de jeunesse et se rappelle de l'époque où il rêvait de devenir pompier. La rencontre avec l'instructeur Afonso, du corps des pompiers, ouvre un nouveau chapitre dans la vie des deux jeunes hommes plongés dans l'amour et le désir, et à la volonté de changer le statu quo.

Le Monde : Dans le ciel du Festival de Cannes, un feu follet ! Et dans la salle de la Quinzaine des réalisateurs, un accueil enflammé pour Feu Follet de João Pedro Rodrigues. Il n’y a sans doute que le cinéaste portugais, auteur de O Fantasma (2000), de Mourir comme un homme (2009) ou de L’Ornithologue (2016), pour se saisir de sujets aussi brûlants sans se cramer les doigts. Pour le résumer en une phrase, ce conte musical est une romance gay pour pompiers en fusion postcoloniale. Et c’est drôle, intelligent, baroque, à se demander comment Rodrigues réussit à percer autant d’abcès de l’époque contemporaine, en chansons, pour faire danser les concepts. Une heure et sept minutes de bonheur.

Les Inrockuptibles : Avec Feu follet, présenté à la Quinzaine des Réalisateurs, le cinéaste portugais João Pedro Rodrigues signe le film le plus osé – audacieux, impétueux et tonitruant – du Festival de Cannes. Personne ne saurait voler les rêves et la part d’enfance du cinéma de João Pedro Rodrigues, un des plus mystérieux et poétique apparu au XXIème siècle, une œuvre majeure, pas encore tout à fait reconnue à sa juste mesure. Feu follet produit une petite révolution dans le cinéma de son auteur : le film est frénétiquement fantasque. Cette vigueur, c’est à la fois de la libido (Feu Follet est le film le plus désirant du festival) et de la colère politique (de la catastrophe climatique en cours au Covid, de l’histoire coloniale du Portugal au racisme contemporain, tout ce qui fait l’époque y est rejoué sur un mode percutant et farcesque). Le film nous venge de trop nombreux pensums vus à Cannes, auscultant le mode de la commisération. Ce feu follet est un feu de joie.

Libération : Une heure et sept minutes de rires incrédules – joyeux, nerveux, irrépressibles – allaient secouer les murs de la Caserne de la Quinzaine de Réalisateurs du Festival de Cannes, un soir de giboulée de mai, soudain changée en pluie de foutre et de neige carbonique. Voici le cinéma du futur. Reprendre feu. Il n’est pas trop tard.