
L’étrange Monsieur Victor
avec Pierre Blanchar, Madeleine Renaud et Viviane Romance
France - 1938 - 1H50 - Version restaurée
Sous le nom de Monsieur Victor se cache une double personnalité : celle d’un honorable commerçant le jour qui, la nuit, devient le chef d’une bande de voleurs. Un jour il tue un homme mais laisse accuser son voisin qui est envoyé au bagne. Il décide alors de s’occuper de l’enfant de son voisin en donnant de l’argent à sa femme.
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Un film « noir » demeuré, à l’image de son réalisateur, « maudit ». Le film fut tourné en co-production avec l’Allemagne à l’aube du conflit mondial et fit, à Paris, une carrière éclair. Une plongée dans l’âme humaine orchestrée par un Raimu plus génial que jamais.
Pour le premier de ses quatre chefs-d’œuvre de fiction, durant son âge d’or de 1938 à 1944, Grémillon cite cette fois de façon directe La petite Lise, le personnage du cordonnier se retrouvant au bagne. Ce n’est pas à Paris qu’il revient mais à Toulon, où le drame se tisse derrière les persiennes d’un vaste appartement. C’est à son premier long métrage muet qu’on pense, Maldone, tant les deux œuvres se trouvent placées sous le même signe d’une identité mal assumée, d’une dualité qui divise l’être (Dullin dans le film muet, Raimu dans le parlant). Le retour auprès du cinéaste du musicien Roland-Manuel renforce la dimension poétique du film. Grémillon travaille son sujet en documentariste, ce qui donne lieu à deux des plus belles scènes d’amour du cinéma français, placées dans le cadre quotidien d’une vaisselle puis d’un repassage.