
Lumière d’été
avec Madeleine Robinson, Paul Bernard, Madeleine Renaud et Pierre Brasseur
France - 1943 - 1H49 - Version restaurée
Sous le nom de Monsieur Victor se cache une double personnalité : celle d’un honorable commerçant le jour qui, la nuit, devient le chef d’une bande de voleurs. Un jour il tue un homme mais laisse accuser son voisin qui est envoyé au bagne. Il décide alors de s’occuper de l’enfant de son voisin en donnant de l’argent à sa femme.
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Censure, difficultés de production, un tournage en zone libre sous l’Occupation, des noms comme celui de Trauner, décorateur juif, passés sous silence au générique, et un très mauvais accueil à sa sortie… Lumière d’été achève d’installer Grémillon en cinéaste maudit. Et pourtant, cette parabole au sous-texte anti-collaborationniste, émaillée de détails à double sens, contient toute l’essence de son cinéma. Un cinéma social, limpide, parfois hors du temps, comme détaché, presque onirique. Dans cette fantaisie baroque incrustée au cœur d’un cinéma porté au plus pur des classicismes, le cinéaste conçoit chacun de ses plans à la beauté austère comme autant de barrages, de murs bâtis en vue de colmater pour un temps des flux d’énergie peu contrôlables. Dans cet effort se perçoit le sens classique d’une grandeur qui entend sublimer le chaos du monde.