
Mon père avait raison
avec Sacha Guitry, Gaston Dubosc, Serge Grave
France - 1936 - 1H36 - VF
C'est l'histoire d'une dynastie bourgeoise. C'est une forme d'égoïsme qui se transmet de père en fils et qui fait dire à chacun: "Mon père avait raison!". C'est un film qui peut, en une phrase se résumer ainsi: "Il n'est pas étonnant que les enfants ressemblent à leur père, puisque tous les hommes sont pareils." Et l'on peut dire aussi que c'est histoire d'un homme qui a cru comprendre enfin que quand on est malheureux, on ne fait le bonheur de personne. Il lui apparaît que le mot "égoïsme" est en général employé à contre-sens. Être égoïste, à ses yeux, cela signifie: "Rendre heureux ceux qui vous entourent pour jouir du spectacle quotidien de leur bonheur." Les événements lui donnent raison - et il devient tellement heureux que son entourage s'en inquiète, et même, un instant se demande s'il n'est pas devenu fou !
Libération : « (…) l’entreprise se fait plus radicale encore lorsque, vingt ans après, il porte sa pièce à l’écran: il ne s’agit plus seulement de répéter un traumatisme passé, il s’agit à présent de reprendre le rôle créé par le père. On assiste donc à un singulier dédoublement, Sacha se mettant en scène à deux âges différents, tout en offrant un documentaire sur le jeu hyper naturaliste de Lucien. Le cinéma devient le lieu privilégié où se reconstitue une famille, une filiation – mais pour mieux célébrer les vertus du mensonge. «La réalité, quelle qu’elle soit, est bien plus belle que l’illusion», enseignait d’entrée de jeu la sagesse paternelle; mais si Guitry réinvestit toute la cruauté du théâtre familial, c’est bien pour en faire un théâtre, pour avoir le droit de retomber en enfance (comme il le fait au dernier acte, jouant les doux dingues et s’inventant une généalogie»). Au fond de l’amertume, on assiste ainsi à la renaissance du ludisme; et puisque toute croyance au réel s’est défaite, il ne reste plus qu’à cultiver l’illusion comme une fin en soi. »