No Home Movie
France - 2016 - 1H58 - VF
Parce que ce film est avant tout un film sur ma mère, ma mère qui n'est plus. Sur cette femme arrivée en Belgique en 1938 fuyant la Pologne, les pogroms et les exactions. Cette femme qu'on ne voit que dans son appartement. Un appartement à Bruxelles. Un film sur le monde qui bouge et que ma mère ne voit pas.
« Un appartement bruxellois, sa cuisine, c’était le lieu de Chantal Akerman, c’est la matrice de son cinéma. Là où s’origine et se boucle son œuvre, ses films, où ils sont souvent pensés, tournés, là où la cinéaste est toujours revenue après avoir visité et filmé le vaste monde, de New York à la Russie, de la frontière américano-mexicaine au Moyen-Orient. La cuisine, lieu de l’aliénation des femmes, mais aussi de leur révolte, de leur complicité…
Et comme on peut le voir dans cet ultime No Home Movie, lieu filial, familial, utérin. Chantal filme donc sa mère dans son appartement à Bruxelles. La dame est âgée, physiquement fatiguée, empruntée, handicapée par les douleurs de son âge, mais la tête encore claire, la mémoire encore vivace, la voix un peu chevrotante mais parfaitement articulée, enroulée sur un charmant accent belgo-yiddish.
Comme souvent chez Akerman, les plans sont fixes et longs. Ils sont parfois très composés, dans un couloir, une encoignure, une embrasure de porte, à la fois pudiques et aux aguets, et parfois plus aléatoirement disposés pour saisir le réel, comme si la caméra était négligemment posée sur une table ou une chaise de l’appartement, captant la vie qui s’y déroule sans précaution esthétique particulière.
Chantal Akerman filme sa mère au seuil de la mort. Un portrait poignant, plus bouleversant encore depuis que la fille l’a rejointe en octobre. » Les Inrockuptibles 2016